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C. André "La parole sur la gentillesse se libère"

 
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Team bipote
Bipote Saphir

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MessagePosté le: Dim 24 Jan 2016 - 20:01    Sujet du message: C. André "La parole sur la gentillesse se libère" Répondre en citant

Christophe André : « La parole sur la gentillesse se libère »


Le Monde | 17.01.2016


Le psychiatre et auteur de best-sellers sur l’art du bonheur revient sur son parcours et défend le besoin de bienveillance dont on a selon lui « un besoin biologique ».





Le psychiatre Christophe André a vendu plus de deux millions d’ouvrages visant à guider ses lecteurs sur le chemin du bonheur. Il a coécrit son dernier livre, Trois amis en quête de sagesse, avec le moine bouddhiste Matthieu Ricard et le philosophe Alexandre Jollien. Entretien à propos de son parcours de médecin, sa vision de son métier et sa défense de la bienveillance.


Je ne serais pas arrivé là si…

… je n’avais pas beaucoup travaillé pour être à la hauteur, en tant que médecin et en tant qu’humain. Pendant mes études, cela n’a pas été trop douloureux, j’ai toujours aimé apprendre. Mais sur le plan personnel, il y avait du boulot, vu toutes mes imperfections et limitations. Je suis un anxieux à tendance dépressive. J’ai compris en fac de médecine, en voyant mes propres symptômes décrits, que si je ne luttais pas pour aller mieux, j’allais pourrir ma vie et celle de mes proches. J’ai donc toujours testé sur moi les thérapies que je destinais à mes patients. Je tiens à cette cohérence.


Votre milieu d’origine a-t-il eu une influence sur votre vocation de psychiatre ?

Il n’y avait aucune aptitude au bonheur dans ma famille. Il est vrai qu’on ne peut se poser cette question que lorsqu’on s’est extrait du combat pour la survie et que l’on a pris suffisamment soin de soi pour ne plus être le jouet de ses fragilités. Ma mère, institutrice, était issue d’un milieu misérable, où l’on disputait sa nourriture aux rats. Mon père, qui était orphelin, avait été mousse dans la marine marchande avant de passer ses semaines sur la route comme représentant de commerce. Bien que nous fussions assez pauvres, je n’avais pas le sentiment de manquer. Mes parents me protégeaient. Mais ils étaient d’une grande fragilité, imprévisibilité – liée à l’alcool chez mon père. Assez tôt, je me suis construit avec ce contre-modèle : si un jour j’avais des enfants, il n’y aurait pas de tristesses, de colères, de sautes d’humeur. J’ai dû, et je dois encore, combattre ce passé. On ne se débarrasse pas des circuits cérébraux qui se sont mis en place très tôt, on apprend à les réguler. Si je n’ai pas le temps de faire ce qui m’équilibre, alors les angoisses, le désespoir, l’irritabilité reviennent. Comme chez nombre d’humains, ma vie aura été une lutte contre mes vulnérabilités.


Comment vous est venue l’idée de devenir médecin ?

Mes parents n’ont jamais refusé de m’acheter des livres, et l’école me plaisait. C’était moins triste qu’à la maison, les profs me valorisaient… En terminale, j’ai découvert Freud, j’ai lu d’un coup tout ce qui était accessible, découvert la psychologie, les émotions qu’on devait cacher à la maison. C’était décidé, je serais psychiatre comme Freud ! J’ai fait médecine à Toulouse, j’ai tout aimé à l’exception des stages aux côtés de psychiatres hospitaliers qui étaient pour la plupart psychanalystes lacaniens. Ils étaient froids avec les patients, ne répondaient pas aux questions. J’ai essayé de faire une analyse mais le silence m’exaspérait, les analystes me semblaient mal dans leur peau. J’ai songé à bifurquer, mais j’avais trop besoin de la psychiatrie pour moi-même. Surtout, j’ai rencontré mon maître, Lucien Millet, un psychiatre chaleureux, humaniste, attentif aux patients, les impliquant, eux et leur famille, dans la démarche thérapeutique. C’est dans sa clinique que j’ai appris le boulot.


Vous renoncez alors à une carrière hospitalière pour vous installer en libéral…

J’ai ouvert un très beau cabinet de centre-ville, joué au docteur avec sa plaque en façade, au Don Juan avec sa voiture de sport décapotable. J’étais le jeune psy qui montait, débordé, hyperactif. Je m’étais formé aux approches comportementales, à contre-courant de la psychanalyse lacanienne. En m’attachant davantage aux symptômes des troubles émotionnels qu’à leurs causes, en aidant les patients à les affronter dans le réel et à les gérer, je me sentais utile. La belle vie. Jusqu’à ce que l’ami dont j’étais inséparable, mon complice intellectuel, se tue en moto devant moi, au Portugal. En courant à son secours, je me suis arrêté dix secondes pour regarder la plaie à la main du paysan qui lui avait coupé la route avec sa remorque. J’en culpabilise encore même si cela n’aurait rien changé. Cela a été une rupture dans ma vie. Je suis parti quinze jours en retraite dans un monastère bénédictin parce que mes patients schizophrènes m’avaient dit que ça leur faisait du bien. Moi aussi, le contemplatif, l’introverti, le lent, cela m’a apaisé. J’étais prêt à quitter Toulouse, la vie facile, le célibat.


Pourquoi vous être emparé de la méditation pour soigner ?

J’ai commencé à travailler à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris, en 1992, comme « comportementaliste » expérimenté. J’étais l’hurluberlu qui faisait chanter ses patients phobiques sociaux dans le métro, qui enfermait les claustrophobes dans les toilettes. Au début des années 2000, après avoir lu des publications scientifiques sur la méditation de pleine conscience laïque, après m’être formé, avoir rencontré Matthieu Ricard, j’ai eu le sentiment, comme avec Freud, de tenir là quelque chose de fondamental. Qui allait changer ma vie et celle de mes patients. La méditation de pleine conscience apprend à poser son attention sur l’instant présent, sur ce que la vie offre d’agréable. Elle nous aide à repérer les moments de rumination où nous quittons le réel pour nous embarquer dans des souffrances liées au virtuel, donc sans limite. Mais elle est bien plus qu’une thérapie : un changement de regard sur le monde. A la maison, d’un coup, ma femme m’a vu regarder le plafond le soir dans le lit, l’air tellement content que c’en était troublant.


Vous êtes auteur, ou coauteur, de dix-neuf livres depuis 1995, dont certains best-sellers vendus à plus de 500 000 exemplaires. Cela a changé quoi pour vous ?

Je gagne ma vie avec cela et les conférences, même si j’ai gardé deux journées de consultation à l’hôpital sur les troubles anxieux dépressifs, et la prévention des rechutes. Je travaille chez moi, en chaussettes, en écoutant Bach et en buvant du bon thé – écrivain, c’était vraiment un métier pour moi, le solitaire sociable ! Mon seul souci est celui de la notoriété : mes lecteurs pensent parfois que je suis un thaumaturge, seul capable de les guérir. Je reçois des courriers assurant que je suis la « dernière chance ». Des gens viennent de l’autre bout de la France me supplier de les recevoir quelques minutes, alors que je ne peux plus prendre de nouveaux patients. On m’idéalise, alors qu’un bon auteur n’est pas un meilleur thérapeute, juste un meilleur pédagogue. Tant de personnes semblent à la recherche de maîtres à penser. J’ai compris combien il était simple de fonder une secte !


Comment analysez-vous le succès de vos livres ?

Certains sujets étaient pionniers : l’anxiété sociale, la gestion des personnalités difficiles, l’estime de soi… Et les libraires ont perçu qu’il ne s’agissait pas des énièmes conseils en développement personnel, que ces livres étaient à la fois scientifiques et compréhensibles, ce qui est mon obsession. J’ai fait relire beaucoup de chapitres à mes patients. Mes collègues prescrivent mes ouvrages. Comme j’y dévoile de plus en plus mes imperfections, le travail que je fais sur moi, je dois aussi rassurer les lecteurs. Eux aussi peuvent y arriver


Vous valorisez la gentillesse, la bienveillance, la bonté, l’empathie. De quoi susciter les sarcasmes ?

Moins qu’auparavant, je perçois un infléchissement. Nous avons touché les limites du système. La société de consommation, de performance, d’égoïsme, s’effondre. Nous redécouvrons les vertus de l’altruisme, de la compassion, de la solidarité, de la douceur. Comme si nous avions l’intuition que sans cela, nous sommes cuits. Avec les attentats, les gens se sont rendu compte des vertus de la solidarité. La parole sur la gentillesse se libère. J’ai toujours été persuadé que c’était une vertu immense. La seule façon, comme psychiatre comportementaliste, d’obtenir de mes patients des efforts douloureux. Quand j’enseignais en fac de médecine, j’apprenais aux étudiants à se lever à l’arrivée du patient, à sourire, dire bonjour gentiment, regarder dans les yeux. C’était nouveau pour eux ! Les gens qui viennent à nous souffrent, ils ont peur qu’on ne puisse pas les aider. Ils doivent instantanément percevoir une bienveillance. Nous avons un besoin biologique de gentillesse. Elle fait du bien à notre corps, le détend, là où l’indifférence ou l’hostilité le crispent. C’est un signe fort !


Ecrire des best-sellers sur l’art du bonheur vous impose-t-il d’être heureux ?

Oui, il faut être cohérent. Mais plus que les lecteurs, ce sont mes enfants qui m’ont mis la pression. Je sais combien les parents qui vont mal sont contagieux. Avoir trois filles a été pour moi un rappel de l’intérêt qu’il y a à faire des efforts pour être heureux, les deux termes n’étant pas antinomiques. Je viens de subir deux opérations lourdes. Cette adversité m’a ouvert les yeux de façon incroyable. « Ta vie va peut-être prendre fin », me disais-je, passant du concept à la réalité. C’était très étrange, j’étais euphorique, irrigué d’émotions positives, de gratitude pour mes soignants. Je fondais en larmes dès que je voyais un bout de ciel – et ce n’était pas dû qu’aux morphiniques ! J’ai compris que j’étais sur la bonne voie. La vie est belle, il faut régulièrement faire l’effort d’ouvrir les yeux, de s’arracher à l’« habituation hédonique » comme l’on dit, pour ne pas passer à côté de gisements de joies et de grâces ordinaires. Elles seules nous permettent d’affronter le côté tragique de l’existence : souffrir, puis mourir. Paul Claudel avait vu juste. Le bonheur n’est pas le but mais le moyen de la vie.


Trois amis en quête de sagesse de Christophe André, Alexandre Jollien et Matthieu Ricard. L’iconoclaste-Allary éditions. 480 pages. 22,90 euros.

Propos recueillis par Pascale Krémer



http://www.lemonde.fr/m-perso/article/2016/01/17/christophe-andre-la-parole…
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Bipote Saphir

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MessagePosté le: Mar 16 Fév 2016 - 12:58    Sujet du message: C. André "La parole sur la gentillesse se libère" Répondre en citant

Christophe André, psychiatre : «On peut s'entraîner au bonheur»



Delphine Perez | 03 Févr. 2016





« C'est un livre de copains, car quand nous sommes tous les trois, nous parlons boutique ! » explique Christophe André, psychiatre à l'hôpital Saint-Anne et auteur de nombreux livres sur l'estime de soi, la capacité à être heureux et la psychologie positive. Et leur boutique, c'est le fonctionnement du cerveau .



Mathieu Ricard, le moine bouddhiste français qui a vécu plus de 27 ans au Tibet, Alexandre Jollien, le philosophe qui habite à Séoul et Christophe André se sont installés quinze jours en Dordogne, dans une maison de campagne au coeur d'un hameau bouddhiste...

Au coin du feu, ils ont échangé leurs visions respectives du bonheur. Enregistrées puis ordonnées, ces fascinantes conversations sont à retrouver dans l'ouvrage « Trois amis en quête de sagesse », publié aux éditions Allary. Une boîte à outils à usage de tous, avec des conseils pratiques pour essayer d'être heureux. Nous avons retrouvé Christophe André au SHU (NDLR : service hospitalier et universitaire), à la fin de ses consultations, il était en train de répondre à des courriers de lecteurs émus. Interview


Ça fait quoi d'être une star du bonheur ?

Être reconnu dans son travail, c'est gratifiant. Mais être reconnu comme «expert du bonheur», ça met la pression. C'est une vraie responsabilité. Quand on voit les députés qui ne paient pas leurs impôts ou le ministre du budget qui avait des comptes en Suisse, pour des hommes publiques, il n' y a aucune crédibilité du discours, c'est une grande faute. Moi, j'essaie d'être cohérent et d'appliquer d'abord à moi-même les messages et les efforts que je préconise.


Vous êtes trois experts du bonheur, qui souffrent aussi ?

La condition humaine nous fait traverser des épreuves et des souffrances. C'est rassurant d'expliquer qu'on est tous dans cette situation. Mon enfance n'a pas été une période de bonheur, donc je sais de quoi je parle quand je dis qu'on peut apprendre à être heureux.


A-t-on ou pas un tempérament inné pour le bonheur ?

Oui, il y a des grandes inégalités au départ. On peut les contrebalancer, mais c'est du boulot ! Nous avons des prédispositions génétiques – on est d'un tempérament plutôt gai ou sujet à l'anxiété - qui influent à environ 50 % sur notre état mental. Or, si nous laissons vivre nos gènes sans efforts particuliers, ils prennent le contrôle de notre état mental. Les 50 % restants dépendent de nos actions. Lorsqu'on n'a pas les bonnes prédispositions de départ face au bonheur et qu'on se dit : « Merde, je ne vais pas pleurnicher toue ma vie comme ça ! Il est possible d'être heureux». En faisant des efforts pour l'être, on y arrive ».


Comment réapprendre à être plus heureux ?

Le travail sur le bonheur est un travail de fourmi très régulier. Il consiste à pratiquer de multiples petits exercices, comme par exemple s'endormir en pensant systématiquement à trois bons moments de notre journée, plutôt que de s'endormir sur nos contrariétés ou en pensant à la réunion plombante du lendemain. Le problème est que nous négligeons ce travail de fourmi. On le fait avec moins d'acharnement qu'on ne fait notre métier ou qu'on met de l'énergie à gagner de l'argent. On y consacre moins de temps tout simplement. Pourtant l'approche est simple, ce qui donne des résultats c'est la persévérance et la régularité.


Quels sont les grands principes du bonheur ?

Un des plus grands conseils, si vous n'êtes pas naturellement doué pour le bonheur, est qu'il va falloir bosser. Tout le monde peut faire un marathon, de l'alpinisme ou du tennis en s'entraînant, le bonheur c'est pareil.

Le deuxième conseil est de ne pas chercher le bonheur de manière égoïste. Il faut se rappeler qu'être bienveillant avec les autres, être altruiste est une source de bonheur importante. Toutes les études le montrent. Imaginer un instant que tous les gens que vous rencontrez dans la journée soient bienveillants, ce serait le paradis !

Le troisième conseil est de réapprendre à savourer le présent. Une part très importante des souffrances des humains sont infligées par eux-mêmes ! Il y a les faits, puis il y a le virtuel. Les ruminations par exemple, sont assez universelles et psycho-toxiques. Elles alimentent fortement nos souffrances. Quand on rumine, on croit réfléchir, mais on ne fait que tourner en boucle. Chaque fois que vous sentez que vous partez dans vos ruminations, il faut chercher à s'en arracher, sortir, faire un footing, penser à autre chose. Il est important de comprendre, ce qui nous arrive ou est arrivé, mais pas de passer sa vie à creuser. Ce n'est pas d'une pelle dont on a besoin, mais d'une échelle pour aller voir le monde.

Le quatrième conseil est de comprendre qu'être heureux, ne signifie pas être en maîtrise totale de sa vie, mais savoir savourer ce qui va bien. Grâce à cette énergie positive, on peut ensuite affronter l'adversité, les difficultés, accepter un certain désordre. Parfois, pour être heureux, il faut préférer savourer ce qui va bien, plutôt que tenter de régler ce qui ne va pas. Car en réglant un problème, il en surgira sans doute un autre derrière et ainsi de suite.... C'est la vie.


Les Français sont les plus pessimistes au monde, vous savez pourquoi ?

Dans notre culture, les critiques et les attitudes négatives sont valorisées. Ecouter trop régulièrement les infos par exemple est anxiogène, parce que la vision que les médias présentent du monde se focalise sur ce qui ne va pas. Ce récit collectif influe sur les Français. L'idée n'est pas de nier les problèmes, mais qu'on les affrontera d'autant mieux si l'on est bienveillants et solidaires. Il faut puiser de l'énergie dans des émotions positives pour affronter la vie.





http://www.leparisien.fr/laparisienne/societe/christophe-andre-on-peut-s-en…
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Bipote Saphir

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MessagePosté le: Lun 13 Juin 2016 - 18:25    Sujet du message: C. André "La parole sur la gentillesse se libère" Répondre en citant

Les conseils de Christophe André pour démarrer la journée d'un bon pied



Pascale Senk - le 15/04/2016


Christophe André, psychiatre spécialiste des troubles anxieux à l'hôpital Sainte-Anne, à Paris, a notamment publié Et n'oublie pas d'être heureux . Abécédaire de psychologie positive (Éditions OdileJa­­cob).





LE FIGARO. - En psychiatrie, l'état dans lequel un patient se réveille le matin est-il important?

Christophe ANDRÉ. - Oui, même si beaucoup d'autres éléments sont, naturellement, à prendre en compte: les réveils très précoces à 3 heures ou 4 heures du matin, ou les grandes difficultés à émerger Chez les bipolaires, notamment, on observe une forte tendance à voir se désynchroniser le rythme de veille jour-nuit. Dans les cas de dépression, on regarde dans quel état la personne se réveille, car ce premier contact avec la journée est une période très sensible qui, de surcroît, lorsqu'il y a ruminations mentales ou états d'âme négatifs, ne va pas aller en s'améliorant dans la journée. Les personnes anxieuses, elles, ont plus de marge. Le plus souvent, leurs peurs au lever s'estompent avec l'activité grandissante.


Vous avez témoigné vous-même des bienfaits de prendre du temps pour soi le matin. Quels sont-ils ?

Oui, j'ai toujours été un lève-tôt, sans doute grâce à une disposition d'ordre génétique qui permet aux «matinaux» d'apprécier la saveur du jour qui vient, de ressentir la paix de la maison quand tous les autres dorment. C'est alors comme une bulle préservée. Avec la pratique de la méditation, j'ai appris aussi que l'on peut activer en début de journée, grâce à ces exercices de pleine conscience, les logiciels psychologiques sur lesquels on compte pour le reste de son temps d'activité: stabilité émotionnelle, plus grande présence, altruisme. Ceux-ci se manifestent plus fortement et aisément quand on les a, pour ainsi dire, «chauffés» le matin.


Pour aller en ce sens, quelles autres attitudes vous semblent-elles nécessaires ?

Ne pas se jeter sur son ordinateur ou son smartphone au réveil! Je suis vraiment frappé de voir combien de mes patients, tout en n'ayant pas le profil de geeks, avouent que leur premier geste est de se connecter à Internet. Je leur dis: «Vous avez tout le temps pour cela. En revanche, ce qui est le plus important, c'est de vous relier d'abord à vous-même, puis au monde, d'une manière plus profonde et plus stable, en démarrant par ce que j'appellerais un moment bio, non digital.» Faire des mouvements d'étirement en pleine conscience ou quelques cycles respiratoires permet de «re-habiter» son corps. On observera aussi où vont ses pensées, on se connectera à toutes ces chances qu'on a dans la vie: être vivant, avoir un toit. Autant de prises de conscience qui permettent de ne pas se faire piéger par le rouleau compresseur du quotidien.


Pourquoi ?

Il faut veiller à ce que le réveil comme le coucher, périodes sensibles, ne ressemblent pas au reste de nos journées. Ce sont en effet des moments de transition, donc très importants par rapport à notre écologie de l'esprit. Il s'agit d'y être attentif. Observez: qu'est-ce qui est mieux le matin? Arracher du lit vos enfants en les bousculant sans prendre le temps de leur parler? Et le soir, les coucher sans avoir échangé deux mots avec eux? Eh bien, considérez que vous êtes comme vos enfants! Et faites de même avec vous: apprenez à distinguer l'urgent de l'important.


Mais encore ?

Nous avons tendance à privilégier l'urgent, car sinon on court le risque d'être puni: ne pas avoir fini ce dossier nous empêche d'être crédible en réunion, etc., alors que quand on ne fait pas ce qui est important (parler avec ses enfants, prendre soin de son corps), on est juste en carence, malheureux, frustré, mais pas puni. Pourtant, à la fin de notre vie, ce que nous regretterons vraiment, ce sera de ne pas avoir pris du temps pour les choses importantes de notre vie. Ces besoins fondamentaux peuvent être nourris, si on prend du temps pour soi le matin.



http://sante.lefigaro.fr/actualite/2016/04/15/24867-conseils-christophe-and…
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